L’eau maîtrisée, de l’humanisme au classicisme

La mythologie et l’histoire antiques servaient à accentuer le caractère théâtral des jardins classiques. Des sculptures représentant des divinités de l’Olympe étaient placées au centre de chacun des murs de clôture, dans des niches peintes et décorées, appelées « cappelettes ».

Dès le XVe siècle, les humanistes italiens redécouvraient les poètes et les philosophes antiques et leur vision d’un ordre universel, où seuls la raison et le savoir permettent d’atteindre la beauté et la perfection. Le jardin classique, paysage idéalisé habité par les dieux légendaires de l’Olympe, se voulait un lieu parfait pour cultiver les arts et la pensée. Les architectes les plus talentueux de la Renaissance ressentaient intuitivement que l’utilisation formelle et magistrale de l’eau alliée à une organisation rationnelle des plantes et du sol, ne pouvait que renforcer le sentiment d’une maîtrise absolue de la nature et des éléments.

A l’époque classique, les fontaines et les jeux d’eau des jardins italiens, dont la tradition remonte à la Rome impériale, à l’Islam et à l’Empire byzantin, étaient l’élément dominant et le centre autour duquel s’organisait l’ensemble du jardin. L’usage exubérant de l’eau, sous toutes ses formes, requérait une réelle créativité et la mise en place d’un système hydraulique complexe. Mais ce déploiement de techniques permettait d’obtenir toute une gamme d’effets, propre à animer des jardins dont les formes géométriques offraient assez peu de diversité. Les jets d’eau, les cascades, les ruisseaux, ou encore la savante mise en scène des reflets sur la surface étale des bassins sont autant d’éléments primordiaux dont nous avons hérité de la Renaissance italienne.

Créé entre 1905 et 1912, sur la presqu’île de Cap-Ferrat, le jardin à la française de la villa Ephrussi de Rothschild illustre bien le concept de l’axe central dominant, qui caractérise les jardins de la Renaissance romaine. Cette conception du jardin a fortement influencé les jardiniers français, et persista en Angleterre comme dans le reste de l’Europe jusqu’à la fin du XVIIe. L’axe aquatique prend son départ au sommet de la colline, dans une réplique du Temple de l’Amour, au Petit Trianon de Versailles. Puis l’eau s’écoule en formant une cascade à degrés le long d’un escalier de pierre, avant de finir sa course dans un long bassin où se reflète le « Palazzino ».

Plantes convenant à la réalisation d’un jardin d’inspiration classique : Anthemis, Antirrhinum, Begonia, Buxus, Carpinus betulus, Crataegus, Dahlia, Euonymus, Fuchsia, Hibiscus syriacus, Hyacinthus, Ligustrum, Lillum, Magnolia, Nymphaea, Pelargonium, Rosa, Salvia, Schizanthus, Taxus.

Jean-Claude Arnoux

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